Transfrigoroute France est un organisme d'études techniques et économiques du transport à température dirigée

Transfrigoroute France - Une nouvelle ère pour la logistique frigorifique – Transformations & défis 2035

06/09/2024


Chapitre 2 / Nourrir les villes


2035, une nouvelle ère / a new era

#ville #logistiqueurbaine #zfe #technologie


En 2035, quelle logistique urbaine pour les produits frais ?

Toutes marchandises confondues, le dernier kilomètre des produits représente environ 15% du trafic routier global (1). Pour les produits frais et surgelés, la distribution fine consiste à approvisionner en flux tendu des millions de restaurants, marchés, supermarchés, hôpitaux, écoles, habitations, fleuristes ou pharmacies en denrées périssables. Cette fin du parcours pose de nombreux défis liés à la fois au contexte urbain et à la nature des produits.

Le dernier kilomètre concentre les défis logistiques
En moyenne, les trois quarts des européens résident en zone urbaine (2). Les zones urbaines et péri-urbaines concentrent la majorité des services, emplois et habitations. Les activités agricoles et industrielles s’éloignent (parfois drastiquement) des centres-villes, multipliant les flux de transport afin de servir les grands pôles de consommation. La demande en produits périssables, essentiels à la consommation quotidienne, ne cesse d’y augmenter, et le transport de produits frais en ville ne faiblit pas avec la tendance à la hausse de livraison de repas et de courses à domicile. C’est encore plus vrai à Paris et dans sa région, 5ème ville mondiale pour la densité de sa population (de l’ordre de 21 000 habitants au km2).

Pour les professionnels de la logistique, le milieu urbain demande donc de faire preuve d’adaptation constante. Le dernier kilomètre des produits frais et surgelés s’effectue dans un milieu contraignant : les rues sont étroites, le trafic important, les zones de livraisons inadaptées aux poids lourds), les contraintes réglementaires s’accumulent (vitesse, horaires, normes environnementales) et certains riverains s’opposent aux camions, jugés polluants, bruyants.

Sur le terrain, la demande est également marquée par une forte saisonnalité ou des fluctuations, parfois difficiles à anticiper. A l’occasion des Jeux Olympiques, les transporteurs d’Ile-de-France, s’attendaient par exemple à une importante augmentation du trafic et des embouteillages et des contraintes liées à cet événement qui devait attirer 10 à 12 millions de touristes. Grière Distribution, transporteur spécialiste de la petite distribution en Ile-de-France, organise environ 65 tournées quotidienne à Paris et aux alentours. Frédéric Perrin, son dirigeant, observe finalement « un manque d’activité sur la période olympique » liée aux congés des résidents et à la baisse du tourisme habituel. « Il a été très compliqué de livrer en amont de la cérémonie d’ouverture, mais dès le début des épreuves, les zones réglementées étant moins importantes, nous n’avons pas eu de difficultés particulières à obtenir les laisser-passer ou à assurer les livraisons » témoigne-t-il. La période paralympique risque en revanche de voir se multiplier les contraintes « avec les retours de congés et la rentrée des classes ».

Défendre la place du camion
Les professionnels ont l’habitude de s’adapter à cette demande fluctuante et à toujours plus de contraintes. Mais à moyen et long-terme, anticiper s’avère moins aisé pour les acteurs de la température dirigée. En effet, le dernier kilomètre nécessite une réflexion globale, de l'amont (producteurs) à l'aval (consommateurs). Le sujet ne concerne pas seulement les acteurs de la supply-chain mais implique également les plans de circulation des villes. Or, la tendance en termes d’aménagement urbain ne facilite pas la tâche des transporteurs. La place laissée à l’approvisionnement en denrées essentielles se trouve sans cesse grignotée. « Les rues ne sont pas réfléchies pour les livraisons » confirme Guillaume Antoine, directeur général de la société Sofripa. « Les places de livraison sont par exemple réservées aux véhicules légers, certaines ont été remplacées par des pistes cyclables et les conducteurs sont souvent contraints de livrer en double-file » détaille Frédéric Perrin.

« La solution n’est pourtant pas de supprimer le camion » Le pari écologique serait de limiter l’engorgement lié à la voiture « car les marchandises ne peuvent pas prendre le bus » rappelle Guillaume Antoine. « L’approvisionnement des grands centres urbains ne peut pas reposer uniquement sur les vélos cargos. Nous livrons chaque jour entre 130 et 150 tonnes de marchandises périssables en région parisienne. Il faudrait remplacer chaque camion par des dizaines de vélos. Cela ne me semble pas viable. Sur le plan social d’abord, le métier de livreur à vélo n’est aujourd’hui pas structuré, ne bénéficie d’aucune formation, ce qui pose question tant pour la qualité du service que pour les conditions de travail des opérateurs. Sur le plan écologique également car cela multiplie les équipements et les recharges, pour une production de froid peu optimisée ».

« Les véhicules de 11 tonnes à 19 tonnes me semblent rester la meilleure manière d’organiser les tournées. En tant que transporteurs, nous savons optimiser le remplissage et les kilomètres. Les constructeurs doivent à leur tour apporter des réponses aux questions structurelles du transport de demain, notamment en ce qui concerne les énergies : disponibilité et prix de l’hydrogène, développement du réseau électrique … » conclut Guillaume Antoine.


La logistique urbaine et ses enjeux seront au programme des prochaines Rencontres de Transfrigoroute International, les 10 et 11 octobre prochains à Nice. Plus d’informations sur cette page : https://www.linkedin.com/events/7218892715034320897/comments/

(1) http://www.coldandco.com/informations-entreprise-coldco-2/
(2) Touteleurope.eu